Des start-ups qui révolutionnent le secteur des produits de la mer
Les investisseurs et entrepreneurs réalisant le plein potentiel de l’économie bleue, le nombre de start-ups prometteuses faisant leur apparition dans le secteur des produits de la mer n’a jamais été aussi important. Bien que la majorité d’entre elles privilégient le secteur aquacole, en raison des prévisions de croissance rapide et soutenue de ce dernier, elles comprennent également les pêches de capture ainsi que des produits de la mer alternatifs.
Insectes : des ingrédients aquacoles innovants
L’une des principales critiques visant ces secteurs aquacoles – tels que ceux du saumon et des crevettes – ayant besoin d’aliments de complément est leur recours constant aux poissons sauvages pour l’apport des nutriments essentiels. Toutefois, toute une gamme d’ingrédients alternatifs est actuellement en train d’être développée, comme en témoigne par exemple le nombre croissant de fermes d’insectes. Les insectes faisant naturellement partie du régime alimentaire de nombreuses espèces de poissons, le fait de nourrir ces espèces en leur donnant des protéines issues d’insectes peut acceptablement remplacer la farine de poisson, ce qui pourrait également contribuer à réduire la dépendance du secteur des aliments aquacoles envers les poissons sauvages.
Basée en France, la société Innovafeed, l’un des leaders mondiaux de l’élevage d’insectes à destination des producteurs aquacoles, a levé des investissements à hauteur de 450 millions d’euros à ce jour. Bien que son niveau de production reste encore relativement faible, les saumons et les truites nourris aux larves de mouche soldat noire provenant de son élevage sont disponibles depuis plusieurs années dans les points de vente tels que la chaîne de supermarchés français Auchan et les consommateurs sont même prêts à payer le prix vert pour eux.

Développement d’une technologie de pêche de précision
Des efforts visant à fabriquer des engins de pêche plus sélectifs – à savoir limitant les prises accessoires et ayant un impact réduit sur le fond marin – sont entrepris depuis plusieurs décennies, mais il est important d’y parvenir sans réduire de manière drastique la capacité des engins à pêcher les espèces ciblées. SafetyNet Technologies, une start-up qui se révèle prometteuse en la matière, est en train de développer une gamme de dispositifs lumineux spéciaux pouvant être utilisés avec différents types d’engins de pêche, afin de manipuler le comportement des poissons de sorte à réduire les prises accessoires.
Bien que les dispositifs de la société SafetyNet Technologies n’en soient encore qu’à leurs débuts, des essais approfondis sont en cours dans diverses pêcheries, où des caméras sous-marines étudient la manière dont l’utilisation de lumières de différentes couleurs et leur placement à différents endroits peuvent contribuer à attirer différentes espèces de poissons vers – ou à les détourner de – toute une gamme de casiers, filets et dragues.
Des produits de la mer cultivés à partir de cellules
Une large sélection de produits de la mer alternatifs est actuellement en cours de développement. Ces derniers se répartissent généralement en deux catégories principales : les aliments à base de plantes qui tentent d’imiter le goût et la texture des véritables produits de la mer, et la propagation de petits échantillons de cellules issus de produits de la mer populaires dans des bioréacteurs afin de créer des aliments « cultivés à partir de cellules souches ».

Les produits de la première catégorie sont déjà assez largement disponibles, mais ils peuvent ne pas correspondre aux préférences de nombreux consommateurs de produits de la mer en matière de goût, de texture et de composition nutritionnelle. Quant à la deuxième catégorie, elle est considérée (à long terme) comme ayant un plus fort potentiel d’adoption par les fidèles consommateurs de produits de la mer, à condition que les start-ups soient à même de les produire à une échelle commerciale et à des prix abordables. Les avantages potentiels découlant de cette méthode comprennent la possibilité d’accroître la production en partant uniquement d’une poignée de cellules issues d’un poisson vivant, ainsi que la capacité à produire uniquement les morceaux de viande plébiscités par les consommateurs. Par exemple, aucune énergie n’est gaspillée pour produire des os ou des organes internes.
Blue Nalu et Bluu Seafood sont deux des producteurs les plus prometteurs en matière de produits de la mer cellulaires : tous deux ont été en mesure de produire de petites quantités d’échantillons de produits de la mer haut de gamme dans leur laboratoire. Tandis que le premier privilégie le développement du thon rouge, le deuxième travaille sur la production en laboratoire de saumon, de truite et de carpe.
Afin de réduire les coûts des produits de la mer cellulaires, la société Umami Meats, basée à Singapour, produit des cellules de mérou cultivées à partir de cellules qui peuvent être diluées avec une encre biologique à base de plantes produite par la société israélienne Steakholder Foods et passées dans des imprimantes 3D pour produire des filets prêts à cuire, dont le lancement sur le marché est prévu pour 2024.
Des start-ups spécialisées dans les algues
Alors que de nombreuses espèces d’algues sont des ingrédients alimentaires populaires à travers un large pan de l’Asie, la plupart des consommateurs occidentaux doivent encore les adopter, en dehors de l’algue nori qu’ils trouvent dans leurs sushis. On assiste toutefois à une prise de conscience croissante concernant les bienfaits des algues pour la santé et pour l’environnement lorsqu’elles sont consommées et cultivées, ce qui a contribué à inspirer un nombre croissant de start-ups dans ce domaine. Celles-ci sont présentes tout au long de la chaîne de valeur des algues : des producteurs eux-mêmes aux entreprises créant des bioraffineries afin de réaliser une gamme de produits à base d’algues, en allant des tissus aux médicaments.
Atlantic Sea Farms est l’une des start-ups qui entend avoir un impact important dans la catégorie produits de la mer du secteur. Située dans le Maine, elle possède un modèle d’entreprise unique en son genre. En effet, l’entreprise fournit des semences de varech gratuites aux pêcheurs de homards, afin que ces derniers les fassent pousser au sein de sites marins pendant la période durant laquelle la pêche au homard locale est fermée. La start-up garantit ensuite d’acheter l’ensemble du varech que chaque pêcheur aura récolté, ce qui permet aux pêcheurs de bénéficier d’un revenu supplémentaire appréciable et contribue à la croissance constante du secteur des algues aux États-Unis.
Conclusion
Il est donc clair que l’éventail de start-ups émergentes ne manque pas de variété dans le secteur des produits de la mer. Deviner lesquelles d’entre elles sont susceptibles de prendre de l’importance et de faire des profits n’est pas une mince affaire, mais – quelles que soient celles qui seront couronnées de succès à long terme – ce domaine reste fascinant à étudier pour les investisseurs potentiels, les observateurs de l’industrie et les consommateurs qui apprécient avoir le choix en matière d’options et de provenance des produits de la mer qu’ils consomment.