Le secteur des produits de la mer est incroyablement diversifié et ne cesse d’évoluer. Voici six nouveautés intéressantes qui pourraient bien contribuer à assurer la durabilité à long terme des produits de la mer.
Lotissements marins
La mytiliculture est l’une des formes les moins industrialisées et les plus durables de l’élevage de produits de la mer et cette combinaison pourrait contribuer à expliquer la raison pour laquelle cette dernière est en train de devenir une activité collective qui a de plus en plus le vent en poupe, notamment au Danemark. Le premier « lotissement marin », un parc à moules géré de manière collective par un club communautaire, y a été fondé en 2015 et le pays dispose désormais d’au moins 15 parcs de ce genre, une autre douzaine étant en cours de planification. Bien que quelques parcs du même type aient vu le jour en Norvège, reste à savoir dans quelle mesure ces lotissements marins deviendront à la mode, ou si les autres nations se contenteront de faire appel à des producteurs et cueilleurs professionnels, afin de répondre à leur demande en bivalves savoureux.
Fermes intérieures à poissons et crevettes
La pisciculture intérieure d’espèces aquatiques – telles que le saumon Atlantique, la sériole australienne et la crevette blanche (plus communément appelée « crevette ») – est en plein essor, en Europe et ailleurs. En théorie, ces fermes intérieures, dont la plupart utilisent des systèmes d’aquaculture en recirculation (RAS), présentent de nombreux avantages par rapport aux fermes traditionnelles : toutes les variables peuvent être optimisées pour s’adapter aux espèces élevées, et tous les déchets peuvent être récupérés et réutilisés. Toutefois, la rentabilité semble être plus rarement au rendez-vous.
La création de ce genre de fermes nécessite en effet des investissements massifs. En Europe et aux États-Unis, bon nombre d’entre elles ont d’ailleurs systématiquement échoué à atteindre leurs objectifs, en raison de toute une série de problèmes techniques et d’erreurs d’exploitation. Des succès significatifs seront nécessaires dans les années à venir afin d’empêcher que les investisseurs ne perdent confiance dans ce secteur.
Développement de méthodes de pêche de précision
Le secteur de la pêche étant toujours plus scruté et soumis à des réglementations plus strictes, notamment en Europe, un certain nombre de technologies de pêche innovantes sont actuellement en cours de développement. L’une des plus prometteuses a été conçue par l’entreprise norvégienne Ava Ocean, qui met au point un moyen de pêcher de manière sélective les espèces vivant dans les fonds marins, telles que les coquilles Saint-Jacques. Son système de pêche utilise un tri optique amélioré par l’IA afin de permettre l’identification, la sélection et le tri des espèces benthiques, les espèces cibles étant attirées doucement vers de grandes cages à l’aide d’une pompe de précision à débit d’eau. Étant donné le caractère à faible impact de cette technique, le gouvernement norvégien leur a accordé, en 2022, le premier permis les autorisant à pêcher des coquilles Saint-Jacques dans l’océan Arctique pour une durée de 30 ans.
Émergence de la culture d’algues marines en Occident
Au cours des 50 dernières années, l’industrie de la culture d’algues marines s’est développée au point d’atteindre les 16,7 milliards de dollars. Toutefois, plus de 98 % de la production mondiale d’algues marines provient actuellement d’Asie, et ce n’est que depuis une dizaine d’années que la culture (et la transformation) d’algues marines a commencé à émerger en Europe et en Amérique du Nord.
De nombreux secteurs de l’industrie alimentaire considèrent les algues marines comme une alternative saine servant à compléter ou à remplacer les ingrédients existants, mais reste encore à savoir si les algues marines cultivées représenteront un pourcentage significatif de notre consommation de produits de la mer dans les décennies à venir, ou si elles seront principalement utilisées dans d’autres applications, telles que les emballages biodégradables, les biostimulants ou les additifs destinés à certaines gammes d’aliments pour animaux.
Une alternative : les produits de la mer cellulaires ou à base de plantes
La dernière décennie a été témoin d’un essor fulgurant des produits visant à offrir des alternatives sans viande aux protéines animales conventionnelles. À ce jour, ce sont principalement les alternatives à base de plantes que l’on peut trouver dans le commerce, mais un certain nombre de start-ups sont en train de développer des produits de la mer cellulaires, à savoir des produits de la mer qui ont été cultivés dans un bioréacteur à partir d’une poignée de cellules animales. Le secteur des produits de la mer alternatifs a attiré des investissements massifs au cours des dernières années, mais il semblerait que la bulle ait éclaté : en effet, la quantité et le montant des investissements dans ce secteur ont chuté de manière significative en 2023.
À long terme, il est probable que les produits de la mer cellulaires soient ceux qui offrent un potentiel plus élevé que ceux à base de plantes, mais pour y parvenir, les coûts de production devront baisser de manière importante ; autrement, ces aliments resteront des produits innovants réservés aux consommateurs les plus aisés.
Systèmes de certification tiers des produits de la mer
La durabilité restant le mot d’ordre, il n’est donc pas surprenant que toujours plus de détaillants, plus particulièrement en Europe du Nord, insistent pour ne stocker que des produits de la mer qui puissent attester d’une sorte de certification tierce. Les produits dotés d’un écolabel, tels que ceux qui sont certifiés par le Conseil d’intendance des mers et l’Aquaculture Stewardship Council, sont plus facilement acceptés par les grands détaillants, offrant ainsi aux producteurs les plus performants la chance de mieux pénétrer le marché, ainsi que la possibilité de vendre leurs produits à des prix plus élevés. À en juger par la croissance de ces labels, cette tendance devrait se poursuivre à un rythme soutenu.
Conclusion
Seul le temps nous dira si ces développements ne sont que de simples feux de paille ou s’ils représentent au contraire un avenir viable pour le secteur des produits de la mer. La question qui demeure est la suivante : ces technologies et techniques ont-elles un sens d’un point de vue économique et écologique ? En attendant, les pratiques agricoles et de récolte plus traditionnelles continueront à dominer le secteur des produits de la mer.
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