Les systèmes d’aquaculture en recirculation (RAS) sont devenus depuis peu un sujet brûlant dans le secteur des produits de la mer. Se référant essentiellement à l’élevage commercial de poissons et d’autres espèces aquatiques en installations de production intensive au sein de parcs clos, il s’agit en réalité d’un concept qui existe depuis plusieurs années. La différence, c’est qu’aujourd’hui, les entreprise de RAS mentionnées et faisant l’objet d’investissements sont des systèmes de production alimentaire extrêmement sophistiqués et high-tech.

Les toutes dernières technologies de RAS permettent de superviser étroitement les déchets et effluents, tandis que des contrôles plus stricts en matière d’utilisation, de qualité et d’isolement de l’eau par rapport aux environnements extérieurs peuvent contribuer à produire des animaux en meilleur santé, à limiter l’impact sur l’environnement et à réduire la dépendance du secteur vis-à-vis des médicaments. Parallèlement, de telles fermes offrent l’occasion d’améliorer considérablement la gestion des aliments pour animaux et de promouvoir des taux de croissance soutenus tout au long du cycle de production afin d’atteindre la taille commerciale. À ce titre, on observe une tendance croissante consistant à construire ces exploitations sur des emplacements proches de grands marchés.

Espace piscicole clos

À l’origine du grand intérêt dont font l’objet les RAS se trouve la demande mondiale en très forte hausse pour les produits de la mer. La pêche d’espèces sauvages ayant atteint un plateau au cours des dernières décennies, l’industrie aquacole a considérablement intensifié sa production. Elle réalise désormais un volume de récolte supérieur à 80 millions de tonnes et représente plus de la moitié des produits de la mer consommés dans le monde.

L’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) prévoit que cette tendance à la hausse se poursuivra et qu’une récolte de quelque 110 millions de tonnes sera atteinte dans la décennie à venir. La FAO prévoit également que d’ici 2030, 62 % des produits de la mer que nous consommerons seront issus de systèmes d’élevage.

Mais, bien qu’il soit largement reconnu que l’aquaculture est le générateur de protéines le plus efficace au monde et qu’elle est bien placée pour accroître ses volumes, son potentiel de croissance peut également être entravé par un manque de disponibilité des espaces d’élevage. Par conséquent, bien qu’il soit toujours possible d’étendre les systèmes de production qui occupent déjà de nombreux littoraux et lignes de partage des eaux, beaucoup de regards se sont tournés vers les nouvelles technologies d’élevage, les systèmes terrestres figurant parmi les opportunités les plus intéressantes.

Possibilité de perturbation

Bien que les RAS modernes n’en soient encore qu’à leurs débuts, seuls de modestes volumes étant actuellement récoltés, les nombreux projets pilotes et de recherche en cours devraient déboucher, dans les années à venir, sur plusieurs exploitations d’élevage commercial à grande échelle. De plus, avec les innovations dernier cri censées optimiser la rentabilité – en rendant les installations de RAS moins chères à construire et à exploiter – il est de plus en plus souvent admis que ces nouvelles méthodes de production et les technologies qui en sont à l’origine permettront à l’aquaculture d’augmenter sa contribution en matière d’approvisionnement alimentaire mondial.

Le nombre de propositions de projets visant à élever des produits de la mer en utilisant la technologie des RAS augmente presque quotidiennement. Mais bien que cette méthode de production puisse être adaptée à la plupart des espèces d’élevage et régions, et qu’un nombre toujours croissant de variétés de poissons et de crevettes commercialement importantes soient élevées au sein de ces systèmes, le secteur du saumon Atlantique est celui qui mène véritablement la danse.

Un certain nombre de salmoniculteurs utilisent ces systèmes afin de produire de plus gros poissons juvéniles qu’ils transfèrent ensuite en cages marines, tandis qu’un nombre restreint mais croissant d’entre eux a l’intention de les utiliser pour le cycle de production tout entier. La majorité de ces projets d’engraissement total visent un volume de production compris entre 5 000 et 35 000 tonnes, mais d’autres placent la barre bien plus haut en visant des prévisions de récoltes allant de 100 000 à plus de 250 000 tonnes. Il a en effet été estimé que d’ici 10 ans, jusqu’à 10 % (soit 280 000 tonnes) des saumons Atlantique produits annuellement pourraient provenir des RAS.