Les algues sont de simples plantes qui vivent dans les mers et les zones d’eau douce, allant des organismes microscopiques et unicellulaires aux grandes algues. Bien qu’elles ne semblent pas être menaçantes, à condition qu’elles puissent pousser en toute liberté, leurs colonies peuvent avoir des effets toxiques ou nuisibles sur de très larges populations de poissons, fruits de mer, mammifères et oiseaux marins, et jusque sur les êtres humains.

Les proliférations d’algues nuisibles peuvent également être constituées d’algues non toxiques. En se décomposant, celles-ci peuvent absorber tout l’oxygène présent dans l’eau, obstruer les branchies des poissons et invertébrés, ou étouffer les coraux et la végétation aquatique submergée. D’autres formes peuvent décolorer l’eau ou contaminer l’eau potable.

Les proliférations d’algues nuisibles ont lourdement touché les secteurs de la pêche sauvage et de l’aquaculture, perturbant ainsi les marchés alimentaires et les chaînes d’approvisionnement pendant de nombreuses années. Selon toute vraisemblance, tel a probablement été le cas pendant des siècles. Et, bien qu’il n’existe pas de chiffres officiels concernant le coût mondial total, une récente étude a estimé que le bilan annuel de ce fléau en Europe avoisinait les 800 millions d’euros, tandis qu’un cas de prolifération en Norvège a entraîné la perte en 2019 de 14 000 tonnes de saumon Atlantique d’élevage et un manque à gagner de quelque 330 millions de dollars américains.

Un problème d’ordre national

On estime que, bien que les proliférations d’algues nuisibles soient d’origine naturelle, le changement climatique et la pollution croissante par les nutriments sont susceptibles d’engendrer  ces événements de manière plus régulière et à des endroits jusque-là épargnés.

L’agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA) rapporte par exemple que les proliférations d’algues nuisibles représentent un problème grandissant dans chaque État côtier et des Grands Lacs. Bien que ces phénomènes ne puissent être évités, l’agence scientifique et de réglementation indique que nous pouvons être mieux préparés face à de telles « marées rouges ». De son côté, l’agence supervise plusieurs travaux de recherche visant à aider les communautés côtières à contrer les répercussions environnementales, économiques et sanitaires qui y sont liées.

La NOAA maintient également des capacités de réponse rapide qui aident les responsables de la gestion des zones côtières à obtenir des données essentielles sur les types d’espèces et de toxines présentes lors de cas de prolifération d’algues nuisibles. Parallèlement à une série d’outils et de services visant à réduire l’impact des proliférations, le programme de réponse aux événements de l’agence offre une assistance immédiate destinée à gérer les événements à travers des technologies, un savoir-faire et un soutien pour enquêter sur les phénomènes.

Outils de prévision

Les scientifiques sont désormais en mesure de prévoir les proliférations d’algues nuisibles de la même façon qu’ils peuvent prédire un phénomène météorologique extrême. Des outils de prévision ont été développés pour émettre un avertissement préalable avec des estimations quant à l’emplacement, la destination, la durée et l’ampleur d’une prolifération d’algues. Parallèlement, les technologies satellitaires ainsi que les balises et capteurs sous-marins à distance sont utilisés pour contribuer à localiser les proliférations et à mesurer leurs toxines.

Par exemple, la NOAA a mis en place un système de prévision opérationnelle des proliférations d’algues nuisibles qui englobe la Floride et le Texas. Cette région est particulièrement touchée par ce phénomène. Le système identifie si une prolifération d’algues est susceptible de contenir une espèce toxique ainsi que sa localisation, sa taille et sa direction, et analyse si elle pourrait s’aggraver dans un proche avenir.

Pour les pisciculteurs et conchyliculteurs, ce type d’informations est précieux pour savoir quand lancer les récoltes de manière préventive, quand prendre d’éventuelles mesures de transfert et quand et où ne pas nourrir les stocks de poissons. Cela leur permet également d’appliquer des protocoles d’analyse plus efficaces là où il pourrait y avoir des risques directs pour la santé et peut être utile pour déterminer l’emplacement des nouvelles exploitations.

Collectivement, bien qu’il n’existe aucun moyen de débarrasser les milieux marins et d’eau douce des proliférations d’algues nuisibles, ces outils de détection précoce peuvent aider les chaînes d’approvisionnement des produits de la mer à adopter une production alimentaire plus stable et plus durable et, par conséquent, à mieux protéger les pêcheries et les systèmes d’exploitation dans le futur.