La nourriture est essentielle à toute vie humaine. En tant que telle, elle doit être fournie aux consommateurs du monde entier en quantités suffisantes et selon des méthodes durables, stables et résilientes. Pourtant, selon les toutes dernières estimations de l’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), figurant dans son rapport « L’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde en 2021 », entre 720 et 811 millions de personnes dans le monde ont souffert de la faim en 2020, soit 161 millions de plus qu’en 2019, tandis que près de 2,37 milliards de personnes n’ont pas eu accès à une alimentation suffisante cette année-là, ce qui représente une hausse de 320 millions de personnes en à peine un an. 

Voilà des chiffres vraiment inquiétants, d’autant plus que la FAO souligne par ailleurs qu’aucune région du monde n’a été épargnée. Le rapport indique également que la cherté d’une alimentation saine et la persistance de niveaux élevés de pauvreté et d’inégalité des revenus continuent à priver environ 3 milliards de personnes de ces aliments, et que l’augmentation du caractère inabordable de cette alimentation saine est associée à des niveaux plus élevés d’insécurité alimentaire.

C’est donc sans surprise que l’on assiste à une prise de conscience forte et accrue concernant la nécessité de transformer les systèmes alimentaires afin de pouvoir offrir une alimentation nutritive et abordable à tout un chacun. Il a également été établi que les systèmes alimentaires du futur devront offrir des moyens de subsistance décents aux personnes qui y travaillent.

Valeurs de consommateurs

Dans ce paysage, un élément positif réside dans le fait que les aliments aquatiques, qu’ils soient pêchés dans la nature ou élevés, cochent toutes ces cases et d’autres encore. Le rôle que jouent les poissons et fruits de mer dans la sécurité alimentaire et la nutrition est par conséquent toujours plus reconnu, pas seulement en tant que source de protéines, mais aussi en tant que fournisseur unique et extrêmement diversifié d’acides gras essentiels oméga-3 et de nutriments indispensables qui sont rares dans les régimes végétariens. À cet égard, la plupart des organisations sanitaires préconisent depuis longtemps d’inclure du poisson ou des produits de la mer dans le régime alimentaire humain au moins deux à trois fois par semaine.

De nombreuses chaînes d’approvisionnement peuvent également résister à un examen minutieux des consommateurs en termes de responsabilité environnementale, de processus d’approvisionnement et de production éthiques, de durabilité, de transparence et de confiance. Les secteurs de la pêche sauvage et de l’aquaculture peuvent, par exemple, offrir des protéines dont l’empreinte carbone est nettement inférieure à celle d’autres aliments d’origine animale. De plus, les produits de la mer représentent souvent une source de protéines plus abordable en ce qu’ils sont moins chers et plus accessibles que d’autres sources de protéines animales.

Croissance de la consommation

Dans l’un de ses autres rapports hautement respectés, « La situation mondiale des pêches et de l’aquaculture 2022 » (ou SOFIA en anglais), la FAO déclare que le fait de privilégier et de mieux intégrer les produits issus des pêches et de l’aquaculture aux stratégies et politiques en matière de systèmes alimentaires à l’échelle mondiale, régionale et nationale devrait constituer « une partie essentielle de la transformation nécessaire de nos systèmes agroalimentaires ».

La bonne nouvelle, c’est que la consommation de produits de la mer suit depuis longtemps une courbe de croissance ascendante, la SOFIA rapportant que la consommation mondiale par personne a doublé depuis les années 1960, passant de 9,9 kg à 20,2 kg en 2020. La progression annuelle moyenne a également toujours dépassé l’accroissement de la population mondiale ainsi que la hausse de la consommation de tout autre aliment à base de protéines animales et de l’ensemble des viandes produites sur terre.

La FAO s’attend en outre à ce que la hausse des revenus et de l’urbanisation, les améliorations des pratiques post-capture et l’évolution des tendances alimentaires entraînent une augmentation de 15 % de la consommation de produits de la mer, jusqu’à fournir 21,4 kg en moyenne par personne en 2030.

Le fait d’adopter une alimentation saine étant devenu une tendance dominante de la consommation alimentaire, la demande mondiale de produits de la mer va certainement continuer à augmenter à un rythme croissant à long terme. Encore une fois, fort heureusement, il est largement admis que, bien que couvrant 71 % de la surface de la Terre, les océans du monde ne contribuent qu’à hauteur de 2 % à l’approvisionnement alimentaire mondial sur un plan calorique. Et comme il est peu probable que la production alimentaire terrestre connaisse une augmentation substantielle en raison de la baisse du taux de rendement et de la rareté générale des terres et de l’eau douce, l’économie des produits de la mer sait qu’il lui incombe de fournir toujours plus d’aliments sains et durables.