Bien que les salmonidés du Chili (le saumon atlantique et argenté ainsi que la truite arc-en-ciel) dominent la production aquacole de ce pays d’Amérique du sud, l’industrie des moules y est depuis longtemps un moteur économique extrêmement important jouant un rôle majeur dans l’ensemble des stocks mondiaux de ces bivalves.
La culture des moules au Chili repose sur la production de trois principales espèces : la moule du Chili (Mytilus chilensis), désignée localement sous le terme de « chorito » et la plus connue au niveau international, la moule cholga (Aulacomya ater) et la moule géante ou choro (Choromytilus chorus). Bien que la plupart des moules chiliennes soient exportées, toutes les moules cholga et choro sont consommées localement.
RACINES ET DÉFIS
La culture des moules au Chili remonte aux années 40, lorsque la surexploitation des moules cholga et choro dans la zone comprise entre Valdivia et Chiloé au sud du pays entraîna des expériences consistant à recueillir des larves de moules pour réapprovisionner les lits naturels. Dès les années 60, ces efforts se traduisirent par les premiers élevages de moules au Chili, et à l’orée du XXIème siècle, la production annuelle dépassait les 60 000 tonnes.
La production de moules continua de croître jusqu’en 2008, date à laquelle les exportations atteignirent une valeur de 130 millions de dollars américains (soit 116,2 millions d’euros), un record pour l’époque, avant de subir un net ralentissement dû à la crise économique mondiale, couplée à des défis environnementaux liés au phénomène climatique de La Niña. Tout cela précéda le violent tremblement de terre de février 2010 qui perturba les niveaux d’eau normaux et les courants dans certaines fermes, endommageant les stocks marins et affectant la croissance des moules.
UN SECTEUR RÉSISTANT
Malgré ces obstacles importants, la production et la demande sont de nouveau reparties à la hausse, la production chilienne de moules totalisant l’an passé 89 944 tonnes. Par conséquent, les exportations ont augmenté de plus de 8 pour cent pour atteindre les 69 700 tonnes l’année dernière : une nouvelle confirmation du leadership mondial du Chili dans l’exportation des moules.
Traditionnellement, l’Europe représente près de 70 % des exportations de moules chiliennes, et en termes de valeur, le Chili a exporté l’année dernière pour plus de 139 millions de dollars américains (soit 124,4 millions d’euros) vers la région.
Au cours des dernières années, les producteurs chiliens ont également conquis le marché chinois, avec des exportations atteignant 1,2 million de dollars américains (soit 1,1 million d’euro) en 2015. Ils s’attendent en outre à une intensification de ce commerce dans les années à venir, les exportations étant favorisées par l’absence de droits de douane sur les produits de la mer chiliens, décidée par la Chine l’année dernière.
Toutefois, la production ayant diminué cette année en raison des mêmes proliférations d’algues qui ont causé d’importants problèmes à l’industrie nationale du saumon d’élevage, ainsi qu’en raison de températures plus élevées, on prévoit que le total des volumes d’exportation et du chiffre d’affaires devrait baisser à court terme.
DURABILITÉ
En reconnaissant la demande croissante des consommateurs en matière de produits de la mer pêchés ou produits de manière responsable, la pêcherie et culture suspendue des moules chiliennes, qui se situe dans la région X de Los Lagos de Chile au sud-est de l’océan Pacifique, dans la zone statistique 87 de la FAO, est devenue la première pêcherie nationale à être certifiée MSC (Conseil d’intendance des mers).
Il s’agit d’une pêcherie améliorée qui s’appuie sur le recueil de graines de moules. Toutefois, elle ne prend en charge ni l’alimentation, ni la prévention des maladies. De plus, les modifications de l’habitat sont réversibles et ne provoquent pas de dommages sérieux ou irréversibles à la structure et à la fonction de l’écosystème naturel. L’Espagne constitue le plus grand marché commercial pour la récolte de la pêcherie, suivie par le reste de l’Europe et les États-Unis. Les moules issues de cette pêcherie sont essentiellement récoltées entre le mois d’octobre et de juillet.
Plus récemment, trois sites de fermes élevant des moules et détenus par Ria Austral SA ont obtenu une certification selon les normes ASC (Conseil d’intendance de l’aquaculture) en matière de bivalves, tout comme un groupe de sites détenus par Cultivos Azules SA.
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