Plus de 500 espèces aquatiques sont élevées dans le monde, ce qui fait de l’aquaculture une forme de production alimentaire extrêmement diversifiée, responsable d’une vaste gamme de produits de la mer, dont beaucoup font l’objet d’échanges commerciaux à l’échelle internationale. En Europe de l’Ouest, le saumon atlantique et les moules comptent parmi les espèces d’élevage les plus répandues et les plus consommées, tous deux pouvant être cultivés dans des régions tempérées similaires.

En Europe, les principaux pays producteurs du saumon atlantique sont la Norvège, l’Écosse, les îles Féroé, l’Islande et l’Irlande. Dans le reste du monde, le Chili, le Canada et l’Australie produisent également des volumes importants. Quel que soit le pays où se trouvent les fermes, la plupart des saumons sont initialement élevés dans des écloseries couvertes, avant d’être transférés dans des parcs circulaires en filet dans des eaux côtières fraîches, où ils sont élevés jusqu’à ce qu’ils atteignent la taille de récolte, soit environ 5 kg chacun. On observe une tendance croissante à élever les saumons en intérieur pendant plus longtemps, afin de s’assurer qu’ils sont prêts à affronter les rigueurs de la vie marine avant leur transfert.

 

Des opportunités sur terre et en mer

Il est intéressant de noter que cette évolution a coïncidé avec l’essor de l’élevage du saumon uniquement dans des fermes terrestres jusqu’à ce qu’il atteigne la taille marchande, et a contribué à ouvrir la voie à cette évolution. Dans ces installations intérieures de haute technologie, les paramètres environnementaux – y compris la température de l’eau et les niveaux d’oxygène – peuvent être étroitement contrôlés. Un grand nombre de ces fermes intérieures sont équipées de systèmes aquacoles à recirculation (RAS), qui réduisent au minimum la quantité d’eau nécessaire. Cela signifie qu’il est désormais possible d’élever du saumon atlantique en petits volumes dans des endroits parfois improbables, à proximité de marchés clés. En effet, des fermes d’élevage de saumon sont déjà opérationnelles à Miami et en Pologne, par exemple, et de nombreuses autres sont actuellement en cours de construction ou prévues dans des endroits comme Ostende, en Belgique.

Une autre tendance intéressante dans le secteur de l’élevage du saumon est l’abandon des eaux côtières abritées au profit de sites offshore plus exposés, où sont développées de nouvelles technologies capables de résister à des conditions environnementales parfois difficiles. En adaptant des techniques mises au point dans l’industrie pétrolière et gazière, ces vastes systèmes d’élevage offshore en métal pourraient offrir à l’industrie un autre moyen d’accroître son volume actuel d’environ 2,3 millions de tonnes par an pour répondre à la demande sans cesse croissante, car il y a peu de possibilités pour le secteur de se développer davantage dans les environnements fjordiques, où la concurrence pour les ressources côtières est plus intense.

Les produits de la mer les plus durables au monde ?

La mytiliculture est largement considérée comme l’une des formes de production alimentaire les plus respectueuses de l’environnement sur la planète. Les moules juvéniles s’attachent naturellement aux cordes laissées dans des lieux adéquats au printemps et atteignent la taille marchande sans avoir besoin de nourriture supplémentaire, se nourrissant par filtration du plancton présent dans la nature. Les fermes à moules peuvent accroître la biodiversité car les lignes qui descendent des flotteurs constituent des structures tridimensionnelles que plusieurs espèces aquatiques peuvent coloniser. Les moules contribuent également à éliminer l’excès d’azote de l’eau de mer et à transformer le gaz carbonique atmosphérique en carbonate de calcium, lequel constitue leur coquille.

Les moules bleues et les moules méditerranéennes sont les espèces de moules les plus consommées en Europe et les principaux pays producteurs comprennent l’Espagne, le Royaume-Uni et les Pays-Bas. Parmi les autres espèces populaires, citons la moule du Chili et la moule de Nouvelle-Zélande, qui sont respectivement élevées en grandes quantités au Chili et en Nouvelle-Zélande.

Comme dans le secteur du saumon, les entreprises de mytiliculture cherchent à s’éloigner de la côte, où les conditions sont favorables et l’espace moins rare. Un certain nombre d’initiatives sont également en cours pour étudier la possibilité d’élever des moules parallèlement au secteur en expansion des énergies renouvelables en mer, les éoliennes pouvant offrir un abri aux lignes de moules dans des endroits qui seraient autrement trop exposés.

Une approche complémentaire

Curieusement, plusieurs projets d’élevage expérimental sont aussi en cours, dans lesquels le saumon et les moules sont élevés côte à côte dans un système connu sous le nom d’aquaculture multitrophique intégrée (AMTI). Dans les systèmes AMTI, les deux espèces se complètent, les moules contribuant à améliorer la qualité de l’eau pour le saumon, tout en profitant de l’excès de nutriments autour de la ferme salmonicole, mais cela reste un domaine de niche.

Compte tenu de la croissance de la population mondiale, de la disponibilité limitée de terres agricoles supplémentaires et des taux de conversion alimentaire extrêmement efficaces des espèces aquatiques élevées en aquaculture, il n’est pas surprenant que l’aquaculture connaisse une croissance d’environ 6 % par an. Si la demande des consommateurs contribuera à alimenter la quête d’expansion du secteur salmonicole, celui-ci ne pourra se développer qu’avec l’adoption réussie de nouvelles technologies. Quant à la croissance de la mytiliculture, elle dépend en grande partie du nombre de consommateurs qui apprécieront les références inégalées du secteur en matière de durabilité, ses bienfaits pour la santé et la facilité de préparation de ces savoureux crustacés.