Les produits de la mer constituent l’une des catégories de denrées alimentaires les plus largement commercialisées au monde. Selon les estimations les plus récentes de l’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), lle négoce mondial des produits de la mer a atteint un chiffre record de 164 milliards de dollars américains (soit près de 139 milliards d’euros) en 2018. En termes de volume, cela équivaut à quelque 67 millions de tonnes de poisson (équivalent poids vif), ce qui représente près de 38 pour cent de l’ensemble des poissons pêchés ou élevés dans le monde au cours de cette même année.
La hausse du commerce international a joué un rôle essentiel dans l’accroissement de la consommation de poisson, laquelle est principalement due à une offre plus diversifiée de produits mis à la disposition des consommateurs. Ainsi, une proportion importante et croissante des produits de la mer actuellement consommés sur les principaux marchés tels que l’Europe et l’Amérique du Nord se compose d’espèces importées, les producteurs nationaux de ces régions n’étant ni en mesure de faire face à la demande ni capables de fournir les espèces recherchées par les marchés locaux.
D’après la FAO, les salmonidés (saumon, truite, etc.) sont les espèces commercialisées les plus importantes en termes de valeur puisqu’ils représentent près de 18 % de la valeur totale des produits de la mer commercialisés à l’échelle mondiale. Les autres grands groupes d’espèces exportées sont les crevettes et les gambas (environ 17 %), suivies des poissons de fond tels que la morue, l’aiglefin ou le colin d’Alaska (9 %).
Une capacité limitée et davantage d’obstacles
La plupart du temps, les produits de la mer importés arrivent sur les marchés via des conteneurs réfrigérés (ou cargaisons réfrigérées), lesquels sont transportés par de gigantesques navires de haute mer avec d’innombrables autres biens de consommation containérisés. Bien que cela représente de loin le moyen le plus rentable pour transporter ces larges volumes de marchandises, les importateurs et exportateurs tirant profit des toutes dernières technologies en matière de réfrigération et de congélation, ces mêmes sociétés ont vu les taux de fret maritime s’envoler au cours des deux dernières années. Cette augmentation résulte en grande partie du fait que les réseaux de transport déjà surchargés doivent faire face à une explosion de la demande de biens, ainsi que du manque de moyens pour transporter ces derniers.
Sans surprise, la pandémie de COVID-19 a contribué à aggraver cette situation délicate. Non seulement la crise a mis en lumière les déséquilibres existant à l’échelle mondiale en ce qui concerne la production et la demande de produits de la mer, mais elle a également été responsable de la hausse de la demande de telles marchandises au sein des canaux de distribution.
Parallèlement, les routes traditionnelles de commerce et de navigation ont dû faire face à la fermeture et à l’ouverture non synchronisées des marchés. Résultat : cela a poussé de nombreuses sociétés de transport maritime à réduire leur trafic sur un certain nombre de routes, tout en devant affronter de grands engorgements dans certains autres ports et en se démenant afin de trouver des solutions face au manque de conteneurs vides pouvant être utilisés.
Autres facteurs entraînant de sérieux obstacles : les contrôles, tests et mesures de quarantaine accrus concernant les matières premières et les produits transportés, ainsi que le personnel chargé de leur transit.
Des goulets d’étranglement persistants dans la chaîne d’approvisionnement
Ces paramètres ajoutés à d’autres perturbations ont entraîné une vive concurrence en matière de capacité de fret maritime et c’est précisément cela qui continue à entraver les chaînes d’approvisionnement et se révèle être particulièrement coûteux pour ces dernières, qui cherchent à reconstituer leurs stocks.
Bien que les prix dépendent des itinéraires commerciaux (nord-sud, est-ouest, etc.), il a été largement rapporté que le taux de fret moyen des navires frigorifiques a augmenté de 32 % lors du second trimestre de cette année, et qu’il est en voie de subir une hausse de 50 % d’ici la fin du troisième trimestre.
Bien entendu, la communauté des produits de la mer n’affronte pas seule ces défis ; de nombreux secteurs spécialisés dans les denrées périssables commercialisées à l’échelle internationale peinent à répondre aux demandes actuelles des consommateurs. Malheureusement pour tous, la capacité en termes de nouveaux conteneurs frigorifiques et de flotte censée être mise en œuvre dans un futur proche étant limitée, et les moyens de transport alternatifs disponibles étant extrêmement rares, il est probable que cette tendance et que la flambée du taux de fret l’emportent encore pour de nombreux mois à venir.
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